À qui profite l’inflation ? L’effet Cantillon
Qui était Cantillon ? Richard Cantillon était un économiste franco-irlandais connu pour l’effet Cantillon et pour être l’auteur du grand ouvrage, Essai sur la Nature du Commerce en Général, un livre considéré par William Stanley Jevons comme : « Berceau de l’économie politique »
Cantillon fit de grandes contributions à l’économie, son principal ouvrage étant son Essai sur la Nature du Commerce en Général. Un traité qui eut une grande importance pour l’économie. Parmi ses contributions figurent : sa méthodologie de cause à effet, ses théories monétaires, sa conception de l’entrepreneur en tant que preneur de risque et le développement de l’économie spatiale. Ses travaux ont eu une grande influence sur les noms fondamentaux pour le développement de la pensée économique, parmi lesquels : Adam Smith et les principaux noms de l’école physiocrate d’économie ; Anne Turgot et François Quesnay.
Je pourrais approfondir l’histoire de cet important penseur, mais je me concentrerai sur l’une de ses théories les plus importantes, l’effet Cantillon.
L’effet Cantillon
Le nom de l’effet est un hommage de l’économiste britannique Mark Blaug au développeur de la théorie, mentionné précédemment, Richard Cantillon. L’effet dit que contrairement à ce que beaucoup pensent, les prix n’augmentent pas automatiquement après l’augmentation de la masse monétaire, encore moins de manière égale. Ce qui se passe en réalité, c’est que les personnes qui obtiennent l’argent neuf en premier auront une augmentation temporaire de leur pouvoir d’achat, au détriment de qui l’obtient en dernier. Les dernières personnes à recevoir cet argent auront une perte importante de pouvoir d’achat. Les prix n’augmenteront pas non plus de la même manière, comme beaucoup le pensent, car les personnes qui reçoivent l’argent en premier le dépenseront pour des biens spécifiques, ce qui entraînera une augmentation des prix de certains biens et services plus importante que celle des prix d’autres biens et services. Le grand économiste autrichien et prix Nobel d’économie F.A. Hayek compara cette expansion monétaire au miel :
« Si vous versez du miel au centre d’une soucoupe, il ne se répandra pas uniformément tout de suite. Il s’agglutinera au milieu de la soucoupe avant de s’étaler. »
Le professeur brésilien d’économie, Ubiratan Jorge Iorio, dans son ouvrage Ação, Tempo e Conhecimento (Action, Temps et Savoir), explique succinctement ce phénomène :
« L’idée centrale est que l’argent neuf entre à un point spécifique du système économique et, par conséquent, il est dépensé pour certains biens et services spécifiques, jusqu’à ce qu’il se répande progressivement dans tout le système, comme tout autre objet, lorsqu’il est jeté à la surface d’un lac, il forme des cercles concentriques avec des diamètres progressivement plus grands, ou comme lorsque le miel est versé au centre d’une soucoupe et qu’il s’étend à partir du monticule qui se forme à l’endroit où il est versé (analogies, respectivement, de Mises et Hayek). Par conséquent, certaines dépenses et certains prix changent plus tôt et d’autres plus tard, et tant que le changement monétaire – disons, une expansion du crédit – est maintenu, son irradiation dans les dépenses et les prix continue d’évoluer. »
Je laisse le soin au grand économiste Murray Rothbard dans son livre What Has Government Done to Our Money? (Qu’est-ce que l’État a-t-il fait à notre argent ?) de conclure :
« L’inflation ne génère donc aucun bénéfice social ; au contraire, elle redistribue la richesse à ceux qui ont obtenu l’argent nouvellement crée en premier, et tout cela aux dépens de ceux qui l’ont obtenu en dernier. L’inflation est, en effet, un concours – un concours pour voir qui obtient la plus grosse part de l’argent nouvellement crée avant les autres. »
Cet article a été initialement publié ici