Socialisme : La Religion d’État
Karl Marx a laissé un héritage antireligieux fort à des générations de socialistes, mais pourquoi les religions sont-elles si incompatibles avec le socialisme ? Parce que le socialisme constitue une religion en soi.
Il y a des années, ma mère me parlait de l’histoire de notre famille quand elle mentionna que son père et son grand-père, outre le fait d’être non-croyants, refusaient d’entrer dans une église, j’ai eu du mal à comprendre pourquoi au début, jusqu’à ce que je prête attention à une autre chose qu’ils avaient en commun; tous deux étaient de fervents partisans du Parti Communiste Français, mon grand-père gardait un buste de Lénine sur son étagère, lisait l’Humanité[1], et bien sûr, rejoignait ses camarades pour la fête de l’Humanité, organisée par le journal lui-même, dans sa ville d’origine, qui avait un maire du PCF et où la plupart des habitants étaient partisans du parti.
Leurs croyances socialistes étaient évidemment la cause de leur rejet de la religion car il y a en effet de nombreuses incitations antireligieuses dans l’idéologie socialiste, qui prennent racines dans les idées de Karl Marx. Marx qualifia la religion d’« opium du peuple »[2] et appela à l’abolition de ce qui n’était pour lui qu’une simple illusion; une réaction due à la souffrance du prolétariat et un instrument de domination pour la bourgeoisie (« l’abolition de la religion comme bonheur illusoire du peuple est l’exigence que formule son bonheur réel »[3]). Il n’est donc pas surprenant de voir des groupes religieux constamment persécutés sous des régimes autoritaires socialistes promouvant l’athéisme d’état, un bon exemple contemporain est celui de la Chine, qui effectue actuellement un lavage de cerveau sur sa population, particulièrement pendant l’enfance, afin que celle-ci considère la religion comme un ennemi, tandis que le PCC réprime les minorités religieuses telles que les chrétiens et les ouïghours musulmans de manière organisée et extrêmement violente.
Bien sûr, nous pouvons nous demander pourquoi les socialistes ont-ils déclaré une telle guerre aux religions ? Pourquoi ces croyances constituent-elles une telle menace pour l’état ? Eh bien, d’abord, essayons de définir ce qu’est l’état (ou le gouvernement), l’état dans sa forme contemporaine peut être défini comme un groupe de personnes élues démocratiquement ou ayant accédé au pouvoir par un coup d’état, qui a le monopole de la coercition pour émettre des politiques et fixer des règles arbitraires, ainsi que pour s’approprier les fruits du travail du reste de la société par la fiscalité, mais pourtant de nombreuses personnes personnifient l’état comme une entité aux ressources infinies. L’économiste français Frédéric Bastiat avait déjà observé ce phénomène à son époque : « […] Vous vous mettez dans la tête, ce qui est une profonde illusion, que la société a deux facteurs : d’un côté, les hommes qui la composent, et, de l’autre, un être fictif qu’on appelle l’état, le gouvernement, auquel vous supposez une moralité à toute épreuve, une religion, un crédit, la facilité de répandre des bienfaits, de faire de l’assistance […] »[4]
La façon dont les gens imaginent l’état et se comportent à son égard est en fait curieusement similaire à la façon dont les gens agiraient envers un Dieu. Nous pouvions déjà trouver les racines de cette idée d’état semblable à Dieu dans l’idéalisme Allemand, qui a largement influencé la pensée marxiste, le philosophe G.W.F Hegel a écrit : « C’est la marche de Dieu dans le monde qui fait que l’État existe »[5]
Les points suivants refléteront les aspects sous lesquels le gouvernement cherche à s’attribuer le rôle de Dieu et comment, sous cette perspective, le socialisme est censé s’imposer comme religion unique.
Omniprésence, omnipotence et omniscience
L’omniprésence est communément définie comme une « présence constante en tous lieux »[6], c’est pourquoi, elle caractérise également la capacité de Dieu à être présent à tout moment, en tout lieu, gardant un œil sur sa création, et observant les Hommes et leurs actes au fil de leurs vies. N’est-ce pas ce que le gouvernement tente de faire de plus en plus depuis de nombreuses années ? Bien sûr, les membres de l’état ne peuvent pas mener cette tâche seuls mais ils peuvent la déléguer à des agents de la fonction publique, répartis dans tout le pays, tels que les forces de police, les administrations, les enseignants, etc. qui deviendront les yeux du gouvernement et rapporteront ce qu’ils ont observé d’eux-mêmes ou ce dont quelqu’un d’autre les a mis au courant. Combien de personnes ont été contraintes de payer une amende pendant les confinements sans commettre de crime réel, simplement parce qu’elles ont été repérées par des policiers ou dénoncées par leurs voisins qui les ont vues ? Combien de personnes ont fait l’objet d’enquêtes gouvernementales alors qu’elles tentaient de protéger leur argent de la fiscalité, parce qu’elles ont été dénoncées par leurs banques aux organismes gouvernementaux ? Les citoyens n’ont tout simplement plus de vie privée dans un tel système, ce qui explique le développement de réseaux illégaux, ces personnes tentent d’échapper à cette vue constante et intimidante du gouvernement.
L’omnipotence fait référence à la « toute-puissance; pouvoir de décision absolu, sans limites »[7] Du point de vue religieux, cela implique que le pouvoir de Dieu sur sa création est inégalable, invincible, toujours victorieux et que sa force et sa capacité d’exécuter sa volonté souveraine sont sans limites. Il semble que l’état veuille acquérir cette exclusivité du pouvoir. En effet, cela commence par une réglementation croissante sur presque tous les aspects de la vie des citoyens dans les sociaux-démocraties comme la France et finit avec par un gouvernement qui décide de qui vit et qui meurt dans les régimes autoritaires socialistes comme la Chine. Les confinements sont un exemple clair de cette avidité croissante pour le pouvoir. Le gouvernement, sous le titre d’un Dieu aimant et attentionné, décide qu’il est plus sûr pour vous d’arrêter de travailler et de rester enfermé chez vous pendant une durée incertaine, au risque de perdre tout ce dont pour quoi vous avez travaillé, et si vous n’obéissez pas, il utilisera son monopole du pouvoir et enverra des forces de police pour vous punir.
L’omniscience peut être définie comme la « connaissance, science de toutes choses »[8]. En effet, Dieu est le détenteur de la vérité absolue, il possède une sagesse et une connaissance illimitée de toutes choses et il peut choisir de partager cette connaissance avec les Humains. Le gouvernement semble aspirer à ce monopole divin de la vérité et de la connaissance. Grâce à son monopole de l’éducation et aux médias gouvernementaux, cette idée a grandi, et de nos jours, beaucoup de personnes croient que l’état sait mieux qu’eux ce qui est mieux pour eux et qu’ils doivent se conformer à tout ce qu’il dit. Les confinements sont à nouveau un excellent exemple, nous devrions tous suivre le gouvernement et les « experts », sans poser de questions, car ils ne peuvent pas se tromper, et toute narrative qui dira le contraire ou posera des questions sera étiqueté de « désinformation » ou de « théorie du complot » et sera censurée.
Justice et solidarité
Le concept de justice repose sur le fait qu’une personne reçoit ce qu’elle mérite en raison de son comportement, elle est juste et objective. L’une des caractéristiques les plus importantes de Dieu dans le Christianisme est qu’il est juste, il incarne la vraie justice, ses jugements sont justes et il s’attend à ce que les Humains agissent selon ses enseignements. Tout comme Dieu, le gouvernement souhaite établir sa propre justice. Le fait que les tribunaux soient des institutions gouvernementales ne facilite pas l’opposition à ses décisions. Bien qu’elle porte le nom de « justice », elle n’est pas nécessairement moralement bonne. La justice sociale est un exemple de type de justice corrompue, on peut difficilement la qualifier de justice puisqu’elle est basée sur le vol, une taxation qui n’est pas volontaire constitue un vol, pourquoi le vol serait-il illégal dans la société et légal quand il est perpétré par le gouvernement ? Un joli nom et de belles intentions quant à la façon d’utiliser l’argent ne changent pas la nature de l’acte.
La solidarité est un aspect important du Christianisme, Dieu souhaite voir les Humains unis et se soutenant mutuellement, en particulier envers ceux qui se trouvent dans le besoin. C’est, en effet, tout à fait honorable. Cependant, le gouvernement a déformé le sens de cette notion, appelant à sa propre solidarité corrompue. L’imposition pour financer les aides sociales ne constitue pas une solidarité, contrairement à un don à un organisme de bienfaisance. Pourquoi ? parce que l’un est volontaire et l’autre non, ce qui fait de la solidarité un si beau geste, c’est le fait qu’elle se fasse sur une base volontaire. Certaines personnes essaient de justifier ces actions en disant que Jésus lui-même était un socialiste, ce qui n’est rien d’autre qu’un sophisme, Jésus a dit aux gens d’aider ceux dans le besoin, il ne leur a pas dit de voler pour le faire, cela a toujours été censé être volontaire. Ce qui est amusant, c’est que la plupart des gens ne se rendent même pas compte que l’argent qu’ils demandent au gouvernement est en fait leur propre argent, celui des contribuables. Cela est dû au fait que ces personnes ont tellement confiance en cette entité semblable à Dieu qu’ils pensent pouvoir fournir des ressources infinies. Les mots employés par le gouvernement pour désigner ce système comme « État-providence »[9] sont bien entendu destinés à entretenir l’illusion. Frédéric Bastiat a assez bien résumé la situation dans la citation suivante : « L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde ».[10]
Nous pouvons maintenant répondre à la question de savoir pourquoi les socialistes ont déclaré la guerre aux religions. Il est assez clair que dans son monopole divin, aucun Dieu ne veut de concurrence, donc si le gouvernement souhaite être le nouveau Dieu du peuple, avoir une autorité absolue sur lui, il doit éliminer la pensée d’autres dieux, fournissant des enseignements qui ne sont pas ceux du gouvernement, et qui pourraient le compromettre.
Les membres du gouvernement ont beau être ambitieux, ils restent des êtres humains ordinaires, et leur tentative d’usurper l’identité de Dieu est vouée à l’échec. L’autosuffisance est un attribut clé de Dieu qu’ils ne pourront jamais égaler, le gouvernement dépend de l’argent des contribuables pour ce qu’il fournit aux gens, Dieu, non. Tout ce qu’il donne vient de lui et n’a pas été pris par la force de quelqu’un d’autre. Cela signifie que si le gouvernement met en place de mauvaises politiques économiques, comme c’est souvent le cas dans les régimes socialistes, la source directe de revenus et de ce fait, les moyens d’action de l’état seront affectés et alors, la chute du régime ne sera qu’une question de temps.
Arrêtons donc d’idolâtrer le gouvernement, en lui donnant le statut de Dieu auquel aspirent les politiciens, ainsi que le contrôle de nos vies. L’état prétend être un sauveur quand il n’est rien d’autre qu’un parasite.
[1] Journal crée par Jean Jaurès, figure socialiste majeure du 20ème siècle, qui fut l’organe officiel du Parti Communiste Français jusqu’en 1994.
[2] Critique de la philosophie du droit de Hegel, 1844, Karl Marx
[3] Critique de la philosophie du droit de Hegel, 1844, Karl Marx
[4] Discours sur l’impôt des boissons, 1849, Frédéric Bastiat
[5] Principes de la philosophie du droit, 1820, Georg Wilhelm Friedrich Hegel
[6] Larousse, dictionnaire en ligne
[7] Larousse, dictionnaire en ligne
[8] Larousse, dictionnaire en ligne
[9] Providence est un terme avec une connotation religieuse importante faisant reference à la présence de Dieu ainsi qu’à l’orientation et l’assistance qu’il procure aux Humains.
[10] La Loi, 1850, Frédéric Bastiat