Les guerres sont-elles bonnes pour l’économie ?
Vous avez peut-être déjà rencontré la phrase suivante « les guerres sont bonnes pour l’économie », mais vous ne pouviez pas expliquer où les erreurs économiques et logiques se trouvaient dans une telle affirmation, ce texte vient vous aider à comprendre quelles sont ces erreurs.
Pour comprendre où sont ces idées fausses, nous devrons parler de ce que l’économiste français Frédéric Bastiat appela le sophisme de la fenêtre brisée, qui fut initialement introduit par lui-même et à nouveau expliqué plus tard par l’économiste Henry Hazlitt dans son livre « L’économie en une leçon ».
Tout d’abord, nous devons comprendre ce qu’est un sophisme :
Les sophismes sont des tentatives d’argumentation qui sont en apparence vraies, mais qui contiennent des erreurs logiques dans leur structure : par exemple, un saut logique, une exagération, un appel, etc.
Le sophisme de la vitre cassée
Eh bien, expliquons ce qu’est le sophisme de la vitre cassée à travers un exemple :
Pierre possède une boulangerie et dans sa boulangerie, il vend beaucoup de pain, de fromage, de lait, etc. Cependant, un garçon très espiègle nommé Jean jette une pierre dans la fenêtre de la boulangerie de Pierre puis s’enfuit. Pierre se met très en colère, mais il ne veut pas quitter sa boulangerie avec une vitre cassée, alors il engage un vitrier pour réparer sa vitre. Ce vitrier sera payer pour son service et dépensera son argent dans d’autres endroits, par exemple au supermarché de Marc. Marc dépensera ses bénéfices dans la vente de produits au vitrier et ainsi de suite. C’est-à-dire que Jean, brisant la fenêtre de Pierre, fit tourner la « roue » de l’économie. De ce point de vue, nous pouvons conclure que Jean est un héros et que son attitude fut bonne pour l’économie.
Mais Bastiat et Hazlitt considèrent cette conclusion comme une erreur, pouvez-vous identifier pourquoi ?
Eh bien, le gros problème, c’est qu’on oublie que la fenêtre existait déjà et que Jean l’a simplement détruite.
Observez : Pierre dut dépenser son argent durement gagné pour réparer quelque chose qui existait déjà, en d’autres termes, des ressources rares ont été gaspillées au moment où il gaspilla des ressources pour réparer quelque chose qui existait déjà. Jean ne peut pas être considéré comme un héros.
Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas
Nous savons que, pour produire quelque chose, des ressources rares sont dépensées. En reproduisant un bien qui a été détruit, on gaspille des ressources rares simplement pour revenir à la situation initiale. La décision d’utiliser une ressource pour réparer une perte nous coûte la possibilité de l’utiliser pour créer de nouvelles richesses. Par exemple, Pierre aurait pu acheter une nouvelle chemise pour son fils, faisant tourner la « roue » de l’économie, mais dans cette situation hypothétique, il n’y aurait ni destruction ni gaspillage. Bastiat y fit référence comme « Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas ». Après tout, la nouvelle fenêtre et les produits que le vitrier a acquis se voient, alors qu’il faut faire preuve d’imagination pour « voir » ce qui a été perdu ou plutôt ce qui n’a pas été gagné.
Voyons ce qui se passe réellement :
Il y a 1 unité d’un bien prêt à l’emploi et de la matière première inutilisée >> Ce bien est détruit >> La matière première est dépensée pour remplacer le bien détruit >> le bien est à nouveau prêt à l’emploi (même situation initiale) mais la matière première a été gaspillé.
Qu’est-ce qui pourrait arriver :
Il y a 1 unité d’un bien prêt à l’emploi et de la matière première inutilisée >> La matière première est utilisée pour fabriquer une unité supplémentaire du bien en question >> Il y a maintenant 2 unités de ce bien disponible pour utilisation générant ainsi une augmentation de la richesse réelle dans la société.
Les guerres sont-elles bonnes pour l’économie ?
Vous pensez peut-être que cette erreur n’est pas présente dans nos vies. Mais il n’est pas rare de voir des gens défendre des choses comme « la guerre est bonne pour l’économie ». Comme le disait l’économiste mentionné précédemment Henry Hazlitt, le sophisme est présent dans une telle déclaration :
Ne retrouvons-nous pas ici notre vieille amie, l’idée fausse de la vitre brisée, vêtue de neuf, méconnaissable tant elle a grossi. Cette fois elle est étayée sur tout un ensemble de sophismes similaires.
L’économie en une leçon
La vérité est que les guerres ne sont pas bonnes pour l’économie, elles causent des souffrances, des morts et des destructions, des ressources sont gaspillées, des biens qui existaient déjà sont détruits, des économies disparaissent et des vies sont perdues. En effet, la reconstruction d’un pays dans l’après-guerre ou les dépenses pour les guerres vont générer des emplois, après tout, il faudra reconstruire ce qui a été détruit, il faudra employer des soldats, produire des armes, du matériel etc. Mais cela est comme dirait Bastiat : « ce qu’on voit ». Mais il faut aussi faire attention à « ce qu’on ne voit pas ». Observez que ces ressources qui sont gaspillées pourraient être utilisées dans de nouvelles choses qui généreraient une plus grande satisfaction pour les individus et feraient tourner la “roue de l’économie”, en plus de l’avantage d’épargner aux gens les souffrances causées par les guerres.
Nous percevons les erreurs économiques en nous rappelant l’importante leçon que nous a laissé le regretté économiste Henry Hazlitt :
L’art de la politique économique consiste à ne pas considérer uniquement l’aspect immédiat d’un problème ou d’un acte, mais à envisager ses effets plus lointains ; il consiste essentiellement à considérer les conséquences que cette politique peut avoir, non seulement sur un groupe d’hommes ou d’intérêts donnés, mais sur tous les groupes existants.
L’économie en une leçon