La théorie autrichienne du cycle économique (TACE) : Une introduction

Antonios Giannakopoulos
January 9, 2022
Après la crise financière de 2008, l’école autrichienne d’économie connut un regain de popularité, à la fois dans le public et dans le monde universitaire. Cela résultat du fait que les économistes, les analystes financiers (Peter Schiff) et les politiciens (Ron Paul) qui connaissaient la théorie autrichienne du cycle économique (TACE) l’appliquèrent avec succès afin de prédire l’essor et l’effondrement du marché du logement. Aujourd’hui, la théorie a gagné en popularité alors que les gens recherchent des réponses à une inflation élevée, à un ralentissement économique, à une politique monétaire extrêmement agressive menée par les banques centrales du monde entier. Cependant, même à ce jour, la TACE est largement mal comprise.

Les racines historiques de la théorie remontent à la publication de Mises The Theory of Money and Credit (en français, « La Théorie de la monnaie et du crédit »). Mises y incorpora la théorie du capital développée par son mentor Eugen Von Böhm-Bawerk qui, à ce jour, reste un élément unique qui la distingue des autres théories macroéconomiques d’expansion et de récession. Les économistes néoclassiques traitent le capital(k) comme un paramètre plutôt que comme une variable. De même, lors de ses débats avec Keynes, Hayek trouva celui-ci ignorant sur la théorie du capital. « Il ignorait les différentes étapes de la production, les changements dans la valeur du capital, prenait le remplacement de la structure du capital pour acquis et ne réalisait pas qu’en fin de compte la question à laquelle sont confrontés les hommes d’affaires n’est pas s’il faut investir dans des biens de consommation ou des biens d’équipement mais s’il faut investir dans des biens d’équipement qui produiront des biens de consommation à une date plus proche ou plus tardive » *l’explication du boom que Keynes donna était simplement celle des « esprits animaux ». Hayek durant la fin des années 1920 introduisit le désormais célèbre triangle hayekien qui était une représentation graphique de la structure de production et des ajustements qui ont lieu dans sa structure de capital. Cela nous amène à un autre aspect unique de la TACE qui est l’élément temps, qui est représenté par l’importance du taux d’intérêt afin d’allouer efficacement les ressources, il détermine si la production va être déplacée pour le moment ou plus tard à mesure que l’économie devient plus intensive en capital (capitaliste). L’épargne des individus nous donne une croissance économique saine et durable, tandis que l’expansion artificielle du crédit par les banques centrales plante les graines du boom et de la crise. La représentation graphique suivante nous montre ce qui arrive au marché des fonds prêtables.

Marché des fonds prêtables

Le nouveau taux d’équilibre du marché tombe de P à P’. À ce taux d’intérêt plus bas, les entreprises reçoivent le signal d’investir dans des projets à plus long terme en achetant plus de matières premières, en embauchant de nouveaux travailleurs, ainsi la concurrence pour de nouveaux travailleurs fait augmenter les salaires, les investisseurs ont été trompés comme s’il y a plus d’économies qu’elles n’existent réellement. Pendant la phase de boom, les travailleurs sont invités à quitter les derniers stades de la production pour se diriger vers les premiers stades, car les entrepreneurs supposent que l’offre de capital et le taux d’intérêt continueront d’exister afin de terminer leurs projets à temps. Cela crée de nouvelles méthodes de production détournées qui nécessiteront des investissements supplémentaires au fil du temps. Si cela était le résultat d’économies accrues dues à une préférence temporelle plus faible, il n’y aurait aucun problème pour que la nouvelle structure de production puisse être maintenue, mais ce changement est dû au crédit inflationniste. Cela signifie que les matériaux de production et le travail n’ont pas augmenté, tout ce qui a augmenté est l’argent en circulation.

Mais l’expansion du crédit ne peut durer indéfiniment, nous savons que le succès des investissements dépend du développement futur des marchés de capitaux et du taux d’intérêt réel*. Le taux d’intérêt artificiel plus bas qui a produit l’essor cède bientôt le pas à un taux d’intérêt réel plus élevé*. Le crédit devient rare et les entrepreneurs qui ont été surengagés enchérissent les uns contre les autres pour les ressources de plus en plus rares, les faillites en sont maintenant le résultat, l’augmentation de l’argent dans l’ensemble ne signifie pas nécessairement une augmentation des revenus (en termes réels) mais probablement une diminution des revenus réels des consommateurs, comme l’explique l’effet Cantillon. Le boom entraîna des distorsions à la fois dans le système de prix et de production, des commandes de production plus élevées ont été gaspillées, ce qui prouve que le boom était une période de mauvais investissements.

La phase de crise est suivie par la liquidation des immobilisations et le marché essayant de restructurer ses déséquilibres de capital pour les adapter aux préférences réelles des consommateurs, les travailleurs sont licenciés, ce qui augmente le chômage, ce qui signifie des revenus plus faibles et une baisse de la demande globale. Ainsi, nous obtenons une récession qui n’est rien d’autre que la tentative du marché d’essayer d’aligner davantage sa production aux préférences des consommateurs.

Une critique courante de la TACE est la question de savoir pourquoi les entrepreneurs, même ceux qui réussissent, sont facilement dupés par l’expansion du crédit et ne peuvent pas prédire la crise. Cependant, il est important de savoir que les entreprises de certains secteurs n’ont aucun moyen de se rendre compte que l’augmentation de la demande pour les produits aux derniers stades de la production a été causée par l’expansion du crédit. La théorie met aussi fortement l’accent sur le rôle du taux d’intérêt lorsqu’il est manipulé par les banques centrales il conduit à une augmentation de la masse monétaire nominale puis les signaux divergent de celui des préférences des consommateurs. Les entrepreneurs ne savent pas avec une certitude absolue que la baisse des taux d’intérêt a été causée par l’expansion monétaire.

Enfin, la TACE n’est pas une théorie du surinvestissement mais, comme Mises le souligna, un investissement inapproprié « L’essence du boom de l’expansion du crédit n’est pas le surinvestissement mais l’investissement dans la mauvaise direction, c’est-à-dire « le mal-investissement », leurs projets sont irréalisables en raison de l’offre insuffisante de biens d’équipement. La fin inéluctable de l’expansion du crédit rend visibles les fautes commises » Les investissements furent détournés vers des projets non rentables (Coûts supérieurs aux prix de vente). Donc, ce que nous avons, c’est la surproduction de biens spécifiques et la sous-production d’autres.

 

Lectures recommandées :

Débutant

Mises on Money Gary North

Where Keynes went wrong Hunter Lewis

Meltdown Thomas E. Woods

Intermédiaire

The Austrian theory of the trade cycle Edité par Richard Ebeling

Monetary kaleideics Michael Hoffman

America’s great depression Murray Rothbard

Expert

Microfoundations and Macroeconomics: An Austrian Perspective Steve Horwitz

Time and Money: The Macroeconomics of Capital Structure Roger Garrison

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